dimanche 20 avril 2014

Montcornelles : la cité médiévale du Bugey accueillera ses premiers visiteurs en 2016


Régis Navarro, à l'origine du projet, explique, dans cet article du 14 avril dernier, l'avancée du projet lancé il y a deux ans actuellement dans sa phase réglementaire avec la classification urbanistique du site.
Les démarches administratives sont en cours et les initiateurs de cette future cité médiévale (Régis Navarro ainsi que Bernard Lacote et Claude Grange) attendent les autorisations pour la fin de l'année.

Une fois le projet lancé, les travaux pourraient commencer en 2015 et accueillir ses premiers visiteurs l'année suivante avec une estimation à 15 000 la première année pour atteindre les 80 000 personnes par la suite.
L'équipe technique de 8 personnes sera recrutée parmi la population locale. Elle sera renforcée dès l'accueil des visiteurs par 4 salariés supplémentaires.
Le site ouvrira durant la belle saison, d'avril à octobre.

Une association, ouverte à toutes les bonnes volontés souhaitant apporter dynamisme et savoir-faire, sera créée en parallèle.

"Il faut bien comprendre qu’il y a deux dimensions : une dimension technique et une autre historique, narrative, imaginaire...Et pédagogique bien sûr. Montcornelles ne sera de toute façon pas une reconstitution historique au sens strict du terme. C’est tout simplement inconcevable et impossible, ne serait-ce que pour respecter les réglementations en matière de code du travail. L’idée est vraiment, d’une façon plus large, de présenter les métiers des anciens bâtisseurs, leurs techniques de travail, l’artisanat d’autrefois..."
(Régis Navarro)

Pour en savoir plus :
Bugey Côtière
Cité médiévale de Montcornelles : un projet titanesque sur le point de se concrétiser

dimanche 13 avril 2014

Louis-René Boulanger

Parmi les peintres qui ont trouvé l'inspiration dans le Bugey (voir l'article sur Henri Bidault), nous pouvons citer Louis-René Boulanger, peintre paysagiste de la fin du XIXe et du début du XXsiècle.

Louis-René est né à Paris le 22 janvier 1860.

Son père, peintre portraitiste, est un ami de Balzac, Hugo et Alexandre Dumas. Il meurt quand Louis-René n' a que 7 ans.
Il grandit cependant dans une atmosphère artistique, puisque sa mère se remarie avec le peintre Philippe Vallée et étudie à l'Ecole nationale des Beaux-Arts.
Il fut l'élève de Français et de Yon.


Il s'installe à Bourg-en-Bresse en 1884. Il séjourne ensuite plusieurs années à Belley où il décore la salle à manger de l'hôtel Pernollet, le salon des mariages de l'Hôtel de Ville et la Caisse d'épargne et enseigne le dessin à son domicile.

A Bourg, il orne la maison de Charles Guillon.




Ses œuvres exposées dans les salons officiels : 

Paris - 1891 : Plaine d'Ambérieu, oeuvre qui décore la salle des mariages de l'hôtel de Ville de Belley, aux côtés de Vieille Porte sous la neige.
Paris - de 1891 à 1909 : Soir au bord de l'Ain

Lyon - de 1894 à 1912 : Le lac de Pluvis et Bords du Sevron pour laquelle il obtient la médaille de première classe.
Le pêcheur - Musée de Brou
Narbonne : médaille d'or
Aix-en-Provence : médaille de première classe
Lyon - 1912 : exposition personnelle chez Velty, marchand de tableaux où il présente des vues de Nantua, Poncin et Cerdon. 


En 1905, il participe à la première exposition de la société des artistes de l'Ain, créée un an auparavant. C'est d'ailleurs à son ami Johannès Son qu'il dédicace Le pêcheur, une huile sur toile exposée au Musée de Brou. 

En 1911, il devient conservateur du Musée des Beaux-Arts.
Il meurt à Bourg-en-Bresse, le 15 avril 1917. Son fils, Charles, sera également peintre et professeur de dessin.

Il a aimé et chanté la Bresse et le Bugey.
Il a reproduit dans son oeuvre les grandes plaines fleuries, les montagnes perdues dans la brume matinale ou se détachant sur les lueurs dorées du soleil couchants, les eaux calmes des étangs, les arbres majestueux, les vieilles demeures, les rues pittoresques de nos villages ;
il a campé dans tous ces décors variés les gardeuses de dindons, les petits pâtres, les pêcheurs, les vignerons et les laboureurs ; il a évoqué l'âme même du paysage.
Paysage du Bugey dédicacée à "A.M. Le Docteur Gaston Chaboux" 
La plus grande partie des paysages de Boulanger ont été faits sur nature. La plupart des motifs choisis par lui existent. Il n'invente pas, il a le souci du réel soit dans ce qu'il représente, soit dans sa façon de le représenter. Ce n'est pas un arrangeur, il a trop le respect de la nature, mais il sait que le tableau pour être de l'art ne doit pas être une froide imitation et qu'en plus du coin de terre qu'il nous montre, il doit nous montrer la terre sous l'influence de l'amour, de la joie ou de la tristesse qu'il porte en lui. Il veut que le tableau, dans les lignes et les couleurs, soit un enthousiasme, une émotion.
Louis Boulanger fut surtout paysagiste, ce qui ne l'empêchait pas de cultiver la nature morte, et les fleurs surtout qu'il rendait avec éclat et légèreté.
(Extrait des "Artistes de l'Ain", article de H. Huteau dans les Annales de l'Ain)


Il a peint également quelques portraits et des études de figures, des natures mortes comme Nature morte aux oranges et Nature morte aux huîtres, exposées au Musée de Brou.

Il aimait aussi les compositions de bouquets.


Fleurs, Musée des Ursulines de Mâcon
Autres œuvres : 
(Liste non exhaustive)

Brigands dans les bois (1911 - Fonds national d'art contemporain - Mairie de Langon - Gironde)

Les bords de l'Ain (1915 - Fonds national d'art contemporain - Préfecture d'Ajaccio - Corse du Sud)

Bords de mer (Musée de Brou)


En Bresse (Musée des Ursulines de Mâcon)
 Rue de Pérouges (Hôtel de la Préfecture de l'Ain - Bourg-
 en-Bresse)


Rue de village (Musée de Brou)

Vue des étangs des Dombes (Musée de Brou)



Dessins
Etude de figues de Barbarie (Dessin - Musée de Brou)
Lac d'Aix (Dessin - Musée de Brou)


Sources :
Ouvrages : L’Ain, ses peintres d’hier, édité par les Amis de Brou et le Musée de Brou, Bourg-en-Bresse 1998
Richesses touristiques et archéologiques de la Ville de Belley, pré-inventaire - Société savante Le Bugey - Belley 2007

Périodique :H. Huteau, Les Artistes de l'AinAnnales de la Société d'émulation, agriculture, lettres et arts de l'Ain 1930/07 (T56)-1930/12
Site : www.culture.gouv.fr

samedi 5 avril 2014

Henri Bidault, peintre et maire de Rossillon au XIXe siècle

En lisant le Progrès du 21 mars, un article écrit par M. Georges Guy a retenu mon attention. Le journaliste titrait sur « Henri Bidault, maire et peintre du XIXe siècle ».    

Liste électorale de Rossillon en 1890
Henri Bidault (1839 – 1898)
Henri Bidault est né à Sainte-Colombe-les-Bois, dans la Nièvre, le 20 février 1839. Parmi les artistes illustres de sa famille, on peut citer son grand-père, Jean Pierre Xavier Bidault (1745 – 1813), peintre de natures mortes et de paysages et son oncle Joseph Bidault (1758 – 1846) paysagiste néoclassique spécialisé dans les paysages italiens.
Après une enfance à Neuville-sur-Saône, dans le Rhône, il partir étudier la peinture à Paris, puis à Rome de 1864 à 1866.
C'est à Paris qu'il exposa pour la première fois. Non un paysage, mais un buste sculpté.
A Paris également, il devint ami avec les grands maîtres qu'étaient Français, Daubigny et Jules Breton.
Mais afin de pouvoir se consacrer à son art et vivre au milieu de la nature qu'il aimait peindre, il s'installa à Rossillon aux alentours de 1861. C’est dans ce village du Bugey qu’il rencontra celle qui devint son épouse dès 1868 : Marie-Josèphine, la fille de Jean-Marie Desportes, maître des postes, qui gérait le relais des chevaux. Ils vécurent dès lors dans la maison près du pont, qu’Henri Bidault avait rachetée peu de temps après son arrivée à celui qui devint son beau-père. Il eut au moins deux enfants puisque sur son acte de décès sont mentionnés son fils, Louis, Directeur du gaz à Belley et son gendre, Pierre Bodin, rentier à Cheignieu-la-Balme).
Républicain engagé, d’une grande sensibilité sociale, conseiller municipal depuis 1870, il devint maire de Rossillon en 1884 et le resta jusqu'à son décès le 5 septembre 1898. 



La gardeuse de chèvres (1874) - Musée de Brou
Les paysages bugistes comme source d’inspiration    
« La route de Tenay » (1868)           
« Le bois à Rossillon » (Salon de Paris 1874)         
« Les pères de la Chartreuse de Portes en promenade » (Salon de Paris, 1881) 
« Une matinée à Cheyneu » et « Sous-bois », deux toiles qui faisaient partie du « catalogue des ouvrages de peinture, dessin, sculpture, architecture » de l’école des Beaux-arts de Montpellier pour l’exposition nationale de 1896.  
Il expose régulièrement au Salon de Lyon à partir de 1864, puis au Salon de Paris dès 1872 avec « Le Bois sacré à la Burbanche », œuvre que l’état acquiert la même année et qui est actuellement en dépôt au musée de la Roche-sur-Yon.         
Les personnages de ses tableaux sont issus du monde paysan, comme « La gardeuse de chèvres » (1874) réalisée près de Contrevoz.  
Henri Bidault était décoré des palmes académiques. En 1884, les Artistes lyonnais lui remirent la médaille du Salon. Lui furent décernées aussi les médailles de Moulins et de Dijon.
Femme à la faucille - Musée de Brou
En 1890, il reçoit la médaille du salon de Lyon pour son œuvre « cours du Lignon ».      
En 1898, il remporte un franc succès avec ses "vendangeuse" et "gardienne de moutons", au pavillon de Bellecour.


Henri Bidault accueillit dans son village d’adoption de nombreux autres artistes de l’Ecole lyonnaise, comme Adolphe Appian (1818 – 1898), Horace Fonville (1832 – 1914)) et Alfred Chanut (1851-1918), peintre bressan, fondateur avec Fonville, Léon Dallemagne et Johannès Son  de la Société des Artistes de l'Ain, en 1904.       
Adolphe Appian fera l’objet d’un prochain article.    

Les œuvres d’Henri Bidault sont visibles aux musées de Bourg-en-Bresse, Lyon, Dijon, Moulins et Saint-Etienne.
Son tableau "Les moutons" décore un des murs de la salle des mariages de l'hôtel de Ville de Belley.
Une association, « Les amis d’Henri Bidauld et des peintres de Rossillon » dont Jean-Claude Brun, lui-même peintre d’Andert-Condon, est le président, vient d'être créée à Rossillon.

Une exposition consacrée aux peintres du département intitulée « Visages et paysages de l'Ain (1850-1900) » était organisée par le Monastère Royal de Brou jusqu’au 18 avril.       

Sources :

 Article : Le Progrès du 22 mars 2014

 Ouvrages :
"L’Ain, ses peintres d’hier", édité par les Amis de Brou et le Musée de Brou, Bourg-en-Bresse 1998
"Richesses touristiques et archéologiques de la Ville de Belley", pré-inventaire - Société savante Le Bugey - Belley 2007


Périodique : "
Annales de la Société d'émulation, agriculture, lettres et arts de l'Ain", 1930/07 (T56)-1930/12
Archives départementales de l'Ain : registre d'état civil et listes électorales


Sites web :
http://www.archives-numerisees.ain.fr/
http://museefabre-en.montpellier-agglo.com/
http://brou.monuments-nationaux.fr/
www.ballad-et-vous.fr


Conférences historiques en Bugey


Les conférences historiques programmées dans le Bugey

Mardi 22 avril à 14h30 à Ambérieu-en-Bugey (Espace 1500)
"Vie et destin du mythe de Don Juan" par Yves Jacquet
Entrée : 6 €
Organisée par l’Office municipal de la culture

Mardi 13 mai à 20h à Ambérieu-en-Bugey (Espace 1500)
Conférence sur l’héraldique 
Par Alain Kersuzan, docteur en histoire et archéologie du Moyen-Âge
Entrée : 5 €
Organisée par Les amis de Saint-Germain et son château

Vendredi 16 mai à 20h30 à Virieu-le-Grand (salle municipale)
"Les cultes orientaux dans le Bugey à l'époque gallo-romaine"
par Isabelle Jaillard, Directrice de l'école Montessori
Gratuit
Organisée par l'association L'Astrée

Vendredi 23 mai à 20h30 à Saint-Benoît (salle des fêtes)
"Les pyramides de Gizeh, de simples tombeaux ?"
Par Mathieu Laveau
Organisée par Bugey Sud Actif
Entrée : 7 €

Jeudi 5 juin à Belley (Palais épiscopal)
"Passeurs de mémoire - témoignage" par Emmanuel Rugema
Organisée par l’Université inter-âges du Bugey
Entrée : 5 €


Journées nationales de l'Archéologie 2014

Samedi 7 juin à 14h à Izernore (Place de l'Eglise)
"Nouvelle étude du temple gallo-romain d'Izernore" par Emmanuel Ferber et Daniel Parent de l’INRAP : bilan des travaux archéologiques menés récemment au temple d’Izernore
Gratuit
+ d’info : www.archeologie-izernore.com  

Samedi 7 juin à 17h à Brégnier-Cordon (Musée Escale Haut-Rhône)
Conférence sur la préhistoire et l'histoire de la pêche
Gratuit
+ d’info : www.escalehautrhone.fr


dimanche 10 novembre 2013

Oyonnax, 11 novembre 1943

11 novembre 1943

Bravant l'interdiction du régime de Vichy de commémorer le 25e anniversaire de la victoire de la France sur l'Allemagne, près de 200 jeunes maquisards défilent en armes dans les rues d'Oyonnax.

La conséquence directe de cette action, dont l'écho fut international,  sera de pousser Churchill à armer la résistance française. 

Je voudrais rendre modestement hommage, par cet article, à ces hommes qui ont sacrifié leur vie et leur liberté pour permettre à tout un peuple de recouvrer la sienne.





Témoignage de résistant

Je citerai ici un extrait de l'article "11 novembre 1943" de l'ouvrage "de la défaite à la victoire au Pays d'Alphonse Baudin", de l'association des Amis du musée départemental de la Résistance  et de la déportation de l'Ain et du Haut-Jura à Nantua,  paru en 1986,  réédition d'une brochure de 1947.
La préface est signée P. Mercier,  Président de l'association.
L'article ci-dessous n'est pas signé.

"Quelques jours plus tard,  nous choisissons Oyonnax, cité ouvrière de 12000 habitants,  car le commissaire de police fait partie de la Résistance et nous y avons de nombreux amis.  
Comme Montréal est originaire de la commune,  et que Ravignan y est professeur,  je charge ces deux officiers d'établir un plan, Aidés par la famille Jeanjacquot,  toujours sur la brèche,  ils me remettent un projet que nous remanions plusieurs fois avec de le retenir. L'avant-veille,  c'est-à-dire le 9 novembre,  accompagné de Chabot et de Bru, je rencontre à Oyonnax le commissaire de police et nous arrêtons ensemble les dernières mesures. 
Nous effectuons à pied,  en pleine nuit,  chronomètre en main,  le parcours qui sera suivi. 
Nous fixons ensuite les tâches de chacun et confions aux militants locaux de l'armée secrète la surveillance de tous les miliciens,  de tous les suspects.  
Il faut néanmoins prévoir l'arrivée des renforts de police ou d'allemands.  Aussi décidons-nous d'annoncer à grande pompe une manifestation à Nantua à 15 km de là. Chabot obtient sans peine l'adhésion chaleureuse du capitaine de gendarmerie Verchère. 
Ses chefs reçoivent un rapport sur l'importance de la cérémonie du 11 novembre à Nantua. Nous sommes dix tout au plus, à connaître le lieu du défilé et nous lançons nous-même des rumeurs au sujet de Bourg, Ambérieu, Belley, afin de déconcerter nos adversaires. 
Je fais distribuer une note ordonnant de déposer aux monuments aux morts de toutes les communes du département une gerbe avec la même inscription : "les vainqueurs de demain à ceux de 14-18".
Dans les camps,  l'incertitude sur le point choisi règne aussi, mais la joie est forte. A la dernière étape,  nous précisons "aux petits" que nous allons pour la première fois en France présenter au public les "terroristes". 
Des chants s' élèvent. Les lois de la sécurité sont violées. Tant pis, le sort en est jeté.  Nous nous grisons,  aujourd'hui,  de liberté. 
Enfin voici Oyonnax,  ma surprise est considérable.  Je croyais arriver bien avant le convoi.  Or, je passe entre deux haies formées par les gars du maquis.  
Le clairon sonne le garde-à-vous. J'arrive sur la place de la Poste où plusieurs centaines de civils regardent ahuris, stupéfaits. Je descends de voiture,  j'enlève mon manteau.  
Comme tous les officiers,  je suis en tenue ; nous portons tous, non pas les rubans de nos décorations,  mais les croix et médailles elles-mêmes.  
Cependant la foule n'a pas encore réagi,  elle semble hésiter à comprendre.  D'une voix qui m'étonne moi-même par son ampleur, je crie : : "les maquis de l'Ain...à mon commandement". Alors c'est une explosion de cris,  de hourra,  d'applaudissements. Quoi ? Ce n'était donc pas des chantiers de jeunesse ou des miliciens.... Des maquisards ?
Le défilé préparé avec tant d'amour,  de minutie,  est commencé. Les clairons et les tambours rythment la marche. Derrière eux vient le drapeau avec la garde d'honneur en gants blancs. Tout le long du parcours les ovations se renouvellent et lorsque,  dans un ordre impeccable,  nous nous rangeons devant le monument aux mort, lorsqu'après avoir déposé la gerbe (une croix de Lorraine composée avec des fleurs), nous entonnons la Marseillaise. C'est un chant mêlé de larmes,  qui surgit,  grossit,  monte. C'est ensuite : "Vous n'aurez pas l'Alsace et la Lorraine", puis en deux mots je demande à tous de rester calmes,  de ne pas entraver notre départ. Mais filles, femmes, garçons les yeux embués, la voix enrouée,  viennent vers nous et se jettent dans nos bras.On entend des exclamations qui remuent jusqu'aux entrailles :"vous venez de vendez mon fils", "je vis les plus beaux moments de ma vie", "ah, on viendra critiquer les terroristes ! ".
Le coup d'audace d'Oyonnax eut un retentissement profond à l'étranger, car les photos en furent reproduites par les journaux anglais et américains.Ainsi, tant pour la France que pour les autres pays, le défilé du 11 novembre à Oyonnax fut le témoignage de l'existence d'une armée dont, ni les soldats,  ni les officier, ne ressemblaient même de loin, à des terroristes.
"


Oyonnax : défilé des résistants du 11 Novembre... par voixdelain

Audio : Sur le site www.rhonealpes.fr, le témoignage de Marcel Lugand, dernier résistant à avoir défilé le 11 novembre 1943 à Oyonnax

François Hollande à Oyonnax
Le Président sera présent le lundi 11 novembre pour la cérémonie de commémoration

dimanche 29 septembre 2013

La contrebande du sel dans le Bugey au XVIIIe siècle (2/2)

Suite de l'article sur le trafic du sel dans le Bugey

D'importantes différences de prix existaient entre les provinces. 
Entre 1781 et 1785 dans le Valromey,  le minot (ancienne mesure correspondant à 1/2 mine ou 1/4 de setier) se vendait entre 53 et 55 livres, contre 19 en Savoie,  15 en Franche-Comté pays de salines, 5 dans le Pays de Gex,  franc de gabelle depuis 1776.
Le litron se négociait à 18 sols,  pratiquement l'équivalent d'une journée de travail d'un ouvrier agricole. 

Ces différences de prix et de consommation favorisèrent le développement du faux-saunage, malgré les peines encourues à savoir jusqu'à 6 ans de galère pour un homme à pied et sans arme et 9 ans, le marquage au fer rouge voire la peine de mort pour des hommes en armes et en bandes. 
Entre 1703 et 1708,  les faux-sauniers représentaient un quart de l'effectif des galères. 
Source : www.sentier-des-gabelous.fr

Comment s'organisait ce trafic ?

Le sel était volé ou détourné des salines.  Pour reconnaître plus facilement le "vrai" du "faux" sel, les autorités firent fabriquer celui-ci d'une façon différente selon les régions où il était commercialisé. 

Le sel était substitué dans la saline, sous forme de poussière de sel (le pousset), de pains entiers ou parfois il s'agissait simplement de la saumure (la solution aqueuse du sel) qui était ensuite transformée dans des ateliers clandestins. 
Pour se constituer un stock important,  on attaquait également les marchands, les dépôts et les magasins de sel. 

Le transport du sel de contrebande se faisait de plusieurs manières : jusqu'à 80 litres à dos d'homme (le porte à col), dans des pièces de bois creusées des charrettes,  des tonneaux à fond plat, en cachant le sel dans de faux pains ou dans du beurre et en utilisant les femmes et les enfants et même les chiens.  

Terres de contrebande
Le Dauphiné,  province rattachée tardivement au royaume de France, revendiquait le fait de conserver ses lois et ses particularismes.  
La contrebande s'organisa derrière les frontières de la Savoie,  terre du royaume de Piémont-Sardaigne.
Le sel était introduit dans le Valromey depuis le Pays de Gex,  la Franche-Comté et surtout depuis la Savoie qui comprenait deux dépôts sur la rive gauche du Rhône,  à Regonfle (en face du hameau du Parc, au nord de Seyssel).

En face, rive droite, se dressaient les entrepôts de stockage de la Ferme Générale.
Rive gauche,  les enclaves concédées au royaume de France par l'article 3 du Traité de Lyon de 1601, n'avaient pas de fortifications.  Elle facilitaient le franchissement du Rhône par les contrebandiers depuis la Savoie, formant des têtes de pont de l'autre côté du fleuve,  comme à La Balme, en face de Pierre-Châtel, d'autant plus que les gardes, chargés de vérifier les passeports au débouché de chaque pont ou bac, n'étaient pas nombreux et se laissaient parfois soudoyer pour quelques livres. 
(La tête de pont de Pierre-Châtel englobait La Balme et comportait un "bas-fort" dans ce village).
Le régime des enclaves dura jusqu'au traité de Turin du 23 mars 1760. 

Pour fournir les marchands de Trévoux et de la principauté des Dombes,  les contrebandiers passaient par le Bugey.
Pour se rendre dans le Valromey depuis Seyssel,  les faux-sauniers passaient avec leurs mulets par Eilloux, Etranginas, le vallon de la Combe, le Golet au loup, la Combe Merlin, le Col de la Biche,  Sothonod, Lochieu, Romagnieu,  Virieu-le-Petit. 
Sur place, le sel destiné à la population locale, est caché dans des dépôts clandestins,  granges ou cavités creusées dans la roche qu'utiliseront encore au XIXe siècle les contrebandiers de tabac. 

En Dauphiné et en Savoie, la contrebande prend la forme de grandes bandes organisées,  dont les chefs comme le célèbre Louis Mandrin,  sont assez riches pour entraîner,  armer et payer jusqu'à 800 hommes. 
Durant l'année 1754,  Mandrin ne mènera pas moins de 6 campagnes de contrebande. 


La lutte contre la contrebande

La Ferme dispose de gapians, mobiles ou basés aux frontières,  pour lutter contre les contrebandiers. Ces soldats se partagent le produit des amandes et les marchandises confisquées avec les fermiers généraux. 
En 1754,  à Champagne-en-Valromey, l'armée fut employée dans la lutte contre les contrebandiers.  
2 compagnies furent établies à Cordon.  Elles pouvaient en cas de besoin, se retirer 
au château de La Barre. 
Pour lutter contre Mandrin,  dans les régions frontières,  fut déployé un important dispositif militaire chargé de traquer le contrebandier. 
Un corps d'élite fut spécialement mis en place et dirigé par le lieutenant-colonel Jean-Chrétien Fischer,  dont le camp était basé en Bourgogne.
Le 17 décembre 1754,  lors d'une bataille au hameau de Gueunand, Fisher réussit à le blesser et le mettre en fuite.
Ceux que l'on surnommait les mandrins se réfugièrent en Savoie et en Suisse.  90 gapians et soldats du roi passèrent alors illégalement la frontière et enlevèrent Mandrin dans son château de Rochefort en Novalaise, le 10 mai 1755, pour le conduire à Valence.




Sur place, on se hâta de le faire condamner avant que le roi de Piémont-Sardaigne,  Charles III, n'exige son extradition. 
Louis Mandrin mourut supplicié sur la roue avant d'être étranglé par son bourreau, place des clercs, le 26 mai 1755.

La mort du "capitaine général des contrebandiers" porta un coup sévère à la contrebande armée.  Par la suite,  les arrestations et les exécutions se multiplièrent.  Jean Bélissard, avec qui Louis Mandrin avait commencé sa carrière,  périra l'année suivante. 


Bibliographie

Bernard Briais :"les contrebandiers du sel : la  vie des faux-sauniers au temps de la gabelle"
Marie-Hélène Dieudonné :"Mandrin"
Louis Percevaux : "histoire du Valromey"
Colonel G. Robert :"la contrebande en Bugey au XVIIIe siècle", in Le Bugey numéro 5, année 1971.Louis Trénard : "le Bas-Bugey, la terre et les hommes"
Autres références

Site recommandé : le repaire Mandrin à Saint Genix sur Guiers

dimanche 11 août 2013

Le trafic du sel dans le Bugey au XVIIIe siècle (1/2)



Approvisionnement et taxation du sel  


Utilisé non seulement pour la cuisine et l'alimentation des animaux, le sel fut surtout durant des siècles le seul moyen de conservation des viandes et autres aliments jusqu'au XVIIIe siècle.


Le contrôle de l'approvisionnement de l'"or blanc", indispensable au transport des vivres lors des expéditions militaires, s'avéra primordial pour les différents royaumes.


Le transport du sel


Exploité dans les marais salants sur les littoraux méditerranéens et atlantiques depuis la Préhistoire, il était acheminé par voie terrestre via les "routes du sel", ou par voie fluviale.


Le commerce du sel constitua ainsi dès le Moyen Âge la grande activité commerciale de la vallée du Rhône.

Des convois de bateaux de sel remontaient le fleuve jusqu'à Seyssel (au Regonfle) où il était débarqué et transporté jusqu'à la Savoie et Genève à dos de mulets.




Illustration : lartdesmets.e-monsite.com

La circulation du sel fut continue durant tout le Moyen Âge.
Les bateaux, de grandes dimensions, pouvaient transporter jusqu'à 75 muids de sel. L'inconvénient majeur étant leur lourdeur et le fait qu''ils nécessitaient une main d'oeuvre très importante pour leur tractage, ils furent remplacés au XVe siècle par des bateaux réduits de moitié.


Instauration de la gabelle et organisation de la Ferme Générale

La gabelle, de l'arabe "kabala" signifiant taxe, impôt temporaire créé par Saint Louis en 1246 pour financer ses expéditions militaires, devint permanente sous Philippe VI de Valois au XIVe siècle. 

Ce dernier la généralisa à tout le royaume et attribua en 1343 le monopole de la vente du sel au pouvoir royal.

En Savoie, la gabelle fut officialisée par l'édit du 3 novembre 1560 et l'établissement des greniers à sel par celui du 27 septembre de la même année.


Rappelons que le Bugey ne fut rattaché à la France qu'en 1601 (si l'on excepte les années 1536-1559).

Côté français, la gabelle était recouvrée depuis 1578 par des intermédiaires qui avançaient son produit au roi et ponctionnait la population pour se rembourser en s'assurant un bénéfice.
Colbert, surintendant des finances, réorganisa ce système de perception des impôts directs en créant la Compagnie de la Ferme en 1661.
Le royaume fut ainsi divisé en plusieurs provinces : pays de petite et de grande gabelle, pays francs, pays de salines, pays de quart-bouillon et pays rédîmés.
Dans le pays de grande gabelle, le sel était fortement taxé et une quantité minimum de sel par foyer, "le sel du devoir", était imposée.


La Bresse et le Bugey étaient situés en pays de petite gabelle, où la consommation était libre mais majorée de la "crue du sel" ce qui rendait le prix quasi-similaire à celui des pays de grande gabelle. 


Le sentiment d'injustice devant cet impôt, dont étaient exemptés le clergé, la noblesse ainsi que les officiers royaux, était d'autant plus grand que la consommation de sel était indispensable. 
Dans certaines zones comme le Valromey, la viande de porc était la seule consommée par les populations et le paysan un grand consommateur de lard salé.

La vente de sel était assurée dans les villes d'importance moyenne par les "greniers royaux", gérés par la Ferme générale, à la fois lieux de stockage, bureaux d'administration et juridictions d'exception.


Pour le Bugey et le Pays de Gex, la justice des pays des gabelles se tenait à Belley, les greniers à sel à Belley, Lagnieu, Seyssel, Nantua et Gex.


Le grenier à sel de Belley avait été installé peu après 1700 sur le site de l'ancien hôpital (actuel conservatoire de musique à côté de la mairie) dans un bâtiment situé le long de la rue des archers (actuelle rue Recamier). 

Il était constitué d'un dépôt de sel en magasin et d'un tribunal pour les causes relatives à la gabelle.

Jusqu'en 1694, des chambres à sel, de simples lieux de vente, pouvaient être rattachées à un grenier à sel. Celle de Champagne-en-Valromey était rattachée au grenier de Belley.
En 1625, les ventes de sel dans les greniers de la généralité de Lyon se montaient à 50 muids à Lagnieu, 58 à Belley, 33 à Nantua et 12 à Seyssel. 


Les tribunaux jugeaient en dernier ressort jusqu'à un quart de minot (un demi-setier).
Créés en 1342 pour juger en première instance les contraventions aux ordonnances concernant les gabelles, ils étaient composés d'un président, d'un lieutenant, d'un grenetier, d'un avocat, d'un procureur du roi, de greffiers, d'huissiers et de sergents.

Ils furent supprimés par la loi du 10 mai 1770.

Parmi eux, nous pourrions citer Claude Anthelme Charcot (1686-1763), receveur des gabelles à Belley, M. Sauvage de Saint Marc, contrôleur de ce grenier en 1772 ou encore Antide Jenin de Montègre qui exerça la même fonction en 1784.
La justice des traites, quant à elle, se situait à Nantua pour les bureaux de Nantua, Dortan, Echalon, Gex, Verfoix, Collonges, Chatillon-de-Michaille, Seyssel, Champagne-en-Valromey, Belley, Serrières, Lagnieu, Alouette, Saint Rambert en Bugey et Poncin.
Les greniers à sel étaient appuyés par des bureaux et des postes.
Les postes se composaient d'un sous-brigadier et de plusieurs cavaliers pour les brigades à cheval, ou de gardes pour les brigades ambulantes.
Les Fermiers Généraux dirigeaient des contrôleurs, les fameux gabelous, chargés du recouvrement de cet impôt très impopulaire. 
Les gabelous étaient craints, détestés et accusés de s'enrichir sur le dos du peuple.



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Ils menaient de régulières perquisitions chez les particuliers, les visites domiciliaires et des fouilles au corps en toute impunité. Les accusations arbitraires étaient d'autant plus courantes que les arrestations des contrevenants donnaient lieu à des primes non négligeables.Les abus dont feront preuve les Fermiers Généraux aboutiront à l'abrogation de la Ferme en 1791.



D'importantes différences de prix existaient entre les provinces.

Entre 1781 et 1785, dans le Valromey, le minot était vendu entre 53 et 55 livres alors qu'il se négociait à 19 en Savoie, 15 en Franche-Comté, pays de salines et 5 dans le Pays de Gex, "franc de gabelle" depuis 1776. Le litron (environ 90 cl) se vendait à 18 sols soit pratiquement l'équivalent d'une journée de salaire d'un ouvrier agricole.


Ces différences de prix favorisèrent le développement du faux-sauvage


Sources

A. Dallemagne "Histoire de Belley"
P. Dufournet "L'entrepôt des sels du Regonfle Sous-Bassy"
A. Garreau "description du gouvernement de Bourgogne"
M. Marion "dictionnaire des institutions de la France aux XVIIe et XVIIIe s."
L. Percevaux "Histoire du Valromey"
L. Perrillat "les greniers à sel dans la seconde moitié du XVIe s. : installation et ressort géographique"
J. Peuchet "dictionnaire universel de la géographie commerçante"
J. Recurat, E. Le Roy Ladurie "l'état des ventes du sel vers 1625"
L. Trénard "le Bas-Bugey, la terre et les hommes"

Archives départementales de l'Ain, actes du pouvoir gouvernant et domaine public.  série A. 24 B 117.

www.livre.histoire.free.fr
www.echel.pagesperso-orange.fr
www.provinces.francaises.free.fr
www.sentier-des-gabelous.fr
www.pointsdactu.org
www.fr.m.wikipedia.org/wiki/Route_du_Sel